- Vendredi 12 avril après-midi, je suis au coeur d'un lieu mythique, Le Vélodrome de Roubaix où je dois récupérer mon dossard pour la course du lendemain. Il y a foule si bien qu'une file d'attente d'au moins 30 mn brave le froid du nord avec un petit vent bien glacial. Je récupère mon enveloppe avec " ma plaque de cadre, mon dossard, une carte avec les secteurs pavés " puis je vais faire une nouvelle fois la queue pour avoir mon maillot. Un petit tour dans le village départ puis je reprend ma route vers Lille pour me reposer.
- Après une nuit très courte et surtout mal dormi, debout à 2h45 pour prendre mon petit déjeuner et me préparer. Au passage, un petit SMS à mes amis ( Seb, Cédrick, Michaël et David ) qui sont au départ du BRM 300 km
. Ca y est, je suis prêt et je roule vers Roubaix jusqu'au point de rendez-vous, le parking Auchan Leers. Je suis en avance, comme d'habitude mais cela me laisse le temps de vérifier une dernière fois mon sac et vélo.
- Un dizaine de bus arrivent sur le parking pour pouvoir embarquer tous les candidats qui ont payés pour prendre la navette et dans le même temps, plusieurs camions sont là aussi pour prendre les vélos en charge. Le chargement des vélos se fait correctement avec des protections puis il est 5h et je suis dans le bus, au chaud car la température extérieure est très fraîche. Le bus démarre à 5h20 et c'est parti pour 2h de route en direction de Busigny lieu de départ.
- 2h de bus assez long et tous le monde en profite pour faire une dernière sieste avant l'effort. A 7h20, nous arrivons sur place et il faut récupérer son vélo. J'en profite pour me couvrir un peu mieux car la température est de -2° et les prévisions annoncent pas plus de 7-8° sur la journée. Il faut ensuite déposer son sac à la bagagerie en recevant un bracelet d'identification puis je me dirige vers la ligne de départ.
- Il est environ 7h45 quand je m'élance pour mon Paris-Roubaix avec un groupe de 4-5 coureurs. L'allure est bien rythmée malgré le froid et les 11 km qui nous séparent du 1er secteurs pavé sont avalés avec 28 de moyenne au compteur. La pression monte car j'arrive au niveau du 1er secteur pavé à Troisvilles. Après un petit raidillon dans le village, je vois le portique affichant le début du secteur d'une longueur de 900m.
- Ca y est !!!! je démarre ma course avec une certaine émotion et je vais vite m'apercevoir ce qui va m'attendre tout au long du parcours. Un secteur sur une petite route avec des pavés bien défoncés, un vélo secoué dans tous les sens ainsi que le bonhomme...
et ceci n'est qu'un secteur de niveau 3 !!! Je n'oublierai jamais cette 1ère fois sur les pavés.
- Je retrouve le bitume pour environ 8 kilomètres en étant par moment en groupe ou seul car je ne veux pas me mettre dans le rouge. Je vais devoir enchaîné 4 secteurs pavés de suite dont le 1er à Briastre sur 3 km avec 4 étoiles suivi suivi de Viesly sur 1.8 km et 3 étoiles puis Quiévy sur 3.7 km et 4 étoiles avant de finir par Saint-Python de 1.5km en 2 étoiles. Cet enchaînement fait vraiment mal au corps avec toutes ces secousses et aussi par la configuration car un bon faux-plat sur des pavés, c'est extrêmement dur et un élément que je n'avais pas encore évoqué, le vent qui va nous accompagné toute la route en étant de face et côté. Je sors de tous ces secteurs dans un état de fatigue et j'en suis qu'au début !!!! Petit répit de bitume et me voilà de nouveau sur le secteur numéro 24 à Vertain pour 2.3km et 3 étoiles. Je sais que le 1er ravitaillement arrive à Vendegies sur Ecaillon au bout de 46 km. Je me pose tranquille en prenant des forces avec des oranges puis un peu de sucre. Une restauration bien venue
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-C'est l'heure de repartir avec des muscles un peu tétanisés par le froid qui règne aujourd'hui. Quelques kilomètres de fait et je dois enchaîner 3 nouveaux secteurs avec le 23 à Verchain-Maugré de 1.6 km, 3 étoiles puis Quérénaing de 2.5 km, 3 étoiles et Maing de 1.6 km, 3 étoiles. Encore une fois une succession qui vous brise bien sur des pavés vraiment affreux... Un peu de bitume m'attend sur quelques kilomètres et ceci permet de remettre un peu le corps en place tout en gardant une allure correcte même si le but aujourd'hui n'est pas le temps mais de finir entier
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-J'arrive au secteur numéro 20 à Haveluy, 2.5 km à 4 étoiles et je sais que derrière, arrive le point critique,Arenberg. A force de regarder le Paris-Roubaix à la TV, je reconnais la route et je vois une longue ligne droite au milieu de la forêt qui se dessine devant moi. C'est avec des frissons que je m'engouffre dans cette mythique Trouée D'Arenberg sur 2.4 km et surtout 5 étoiles ( le maximum). Un secteur plus que défoncé avec votre corps qui subit tout les trous et déformation du pavé et je peux le dire, une larme coule sur ma joue pour 2 raisons, le public qui est présent sur le bas côté et qui vous encourage mais aussi à cause de l'effort intense à faire pour tenir debout sur des pavés complètement déformés. Une Trouée qui restera dans ma mémoire tant l'effort fût violent et je comprend la course des professionnels qui eux passent celle-ci à 40 km/h....
- A la sortie de ce lieu magique, je fais un arrêt pour prendre une photo puis je repars sur une belle ligne droite qui me permet de me remettre de mes émotions avant d'aborder un nouveau secteur,numéro 18 à Wallers sur 1.6 km et 3 étoiles qui est très connu avec le passage du pont Gibus. Ca fait mal après le passage de la Trouée et les bras subissent avec des mains parfois au cocottes et parfois sur le haut du guidon car c'est pas facile de trouver la position idéale. Un autre gros secteur, numéro 17 m'attend, celui de Hornaing avec ses 5 étoiles sur 3.7 kilomètres et c'est encore un calvaire mais les encouragements des spectateurs font du bien. Je m'en sors comme je peux entre pavé du haut et bande de roulement très étroite qui ressemble a du cyclo-cross. Encore un petit moment de répit avec un peu de bitume avant de me lancer de nouveau sur les secteurs 16 de Warlaing , 3 étoiles avec 2.4 km et le 15 de Tilloy à Sars, 2.4 km aussi mais niveau 4 étoiles. Le cumul des secteurs pavés commence à bien user l'organisme
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- Je retrouve le bitume avec bonheur pour rejoindre le 2 ème ravitaillement à Beuvry-la-forêt au kilomètre 107. Un arrêt bienvenu pour reprendre des forces et refaire le plein des bidons. Il me reste à ce moment 14 secteurs à franchir pour arriver sur Roubaix donc autant dire que des efforts sont encore à venir... J'ai repris des forces et c'est reparti avec dès la sortie du village le secteur numéro 14,Beuvry-la-forêt de niveau 3 étoiles sur 1.5 km. Après un ravito, ça fait mal la remise en route et en plus les secteurs se succèdent avec Orchie sur 1.7 km, 3 étoiles puis Auchy-les-Orchies, 2.7 km et 4 étoiles avant d'arriver sur Mons- en- Pévèle bien connu comme un secteur redoutable de 3 km sur un niveau 5 étoiles. Ce secteur me fait bien du mal avec des pavés dans tous les sens si bien que je cherche la meilleure trajectoire possible mais ceci n'est pas facile.
- 10, c'est le nombre de secteurs qui me reste avec tout d'abord un petit secteur de 700m, ça change mais l'impact est quand même dur sur le corps... J'arrive maintenant sur Pont-Thibault sur 1.4 km et 3 étoiles et Templeuve sur 500m et niveau 2 étoiles. J'ai les bras bien entamés et une cloque au fond de la main gauche s'est invité
. A la sortie, de nouveau un ravito, le dernier alors que nous sommes au 140 ème kilomètre. Je me pose un moment pour récupérer en m'alimentant le mieux possible tout en bavardant avec un concurrent du 145 km. Je repars avec des jambes bien raides pour me diriger vers Cysoing pour de nouveau 1.5 km de pavé à 3 étoiles qui me brise encore un peu plus. Il me reste environ 20 kilomètres et je sens que mon corps manque de sucre et je prend le temps de m'arrêter pour manger une gauffre que j'avais garder lors du ravito. Celle ci me fait du bien et je suis de nouveau motivé et prêt à affronter les derniers secteurs car j'en suis au numéro 5, Camphin en Pévèle long de 1.8km et 4 étoiles. Je me rapproche du lieu très connu où se joue souvent Paris_Roubaix, je veux dire le carrefour de l'arbre. Sous le passage de l'arche indiquant l'entrée du secteur, ce sont de nouveau un moment d'émotion pour moi et je jette toutes mes forces pour franchir le secteur le mieux possible avec un public tres encourageant . Virage à droite au fameux carrefour avec en plus des pavés une bonne dose de gravillons. La suite du secteur est une succession de trous qu'ils faut absolument éviter, de vrais pièges.... J'ai la hargne pour finir ce secteur et quand je vois la banderole de fin de secteur, c'est un soulagement mais il me reste 2 secteurs à affronter et l'intermède sur le bitume me permet de souffler un peu.
- Me voilà sur les 2 derniers secteurs d'environ 1.3 km chacun avec un niveau de 2 et 3 étoiles et j'arrive même à y prendre du plaisir car je sais que Roubaix est en vu. C'est fait!!!, j'ai franchi tous les secteurs pavés sans chute et sans crevaison donc je suis satisfait et maintenant place au derniers kilomètres sur le bitume et je savoure déjà mon rêve qui devient encore plus beau lors de mon entrée sur le mythique vélodrome sous les applaudissements des organisateurs et spectateurs présents dans l'enceinte.
- Le passage sous la banderole d'arrivée est une délivrance mais aussi une énorme émotion d'avoir vaincu" l'enfer du Nord".
- Mon rêve de participer à cette course mythique est enfin réalisé et je ressens une grande fierté d'être allé au bout sachant mon début d'année catastrophique.- Une médaille de finisher autour du coup me rend fier et je savoure au milieu de la pelouse du vélodrome.
- Niveau matériel, je suis content car mon vélo à tenu le choc avec mes pneus de 28 qui ont grandement participé à me maintenir sur les pavés.
- Niveau physique, mal aux jambes mais c'est surtout les bras et mains qui sont douloureux mais pour une course comme celle-ci , il faut être prêt à tout donner.
- Je peux le dire, J'ai connu L'ENFER DU NORD