- Ce jeudi 20 juin, c'est l'heure de faire la route en direction de Valloire (850 km) pour rejoindre ma location pendant les 3 jours à venir. La route se fait sous le soleil et mon arrivée sur place se fait à 16 h. Installation dans le studio puis je pars me dégourdir les jambes dans la station qui est bien calme à cette époque de l'année.
- Vendredi matin, le soleil est toujours présent et je prends mon vélo pour aller faire tourner un peu les jambes. Le seul problème, c'est que pour sortir de Valloire, il y a d'un côté le Galibier et de l'autre le petit Télégraphe. C'est ce côté que je choisis et c'est donc tranquillement que je grimpe les 5 km de montée en profitant d'essayer mes vitesses pour être sûr que tout va bien. En haut, petite pause devant le coureur en paille, figure imposante en haut du col. La suite se fait par la redescente vers Valloire puis je continue sur les 2 premiers kilomètres du Galibier avant de rentrer après 15 km sur cette sortie.
- L'après-midi, direction Chantemerle ( commune de Serre-Chevalier) pour aller chercher mon dossard. Je récupère celui-ci, numéro 416 puis le maillot de la course et apparemment, suite à ma demande, on m'indique que nous sommes environ 500 coureurs sur la Supergranfondo. Un peu déçu car le village d'accueil n'est pas très fourni en exposants. Il est temps maintenant de repartir et de prendre du repos car demain sera une longue journée.
- Samedi matin, 3h30, le réveil sonne et après avoir pris mon petit-déjeuner et m'être préparé, il est l'heure de faire la route pour rejoindre le départ. Une route en voiture qui traverse le Galibier et le Lautaret mais sous une grosse pluie et des éclairs qui vous font frémir surtout en montagne. Je me dis que cette journée sera particulière et je ne suis pas au bout de mes surprises. A mon arrivée avec de l'avance, ce sont des trombes d'eau qui s'abattent sur la ligne de départ avec des éclairs de partout...
- Je reste dans la voiture en me reposant et surtout en espérant une amélioration d'ici 7h30, l'heure du départ de l'épreuve. Bon, à un moment il faut bien sortir et je me rends à l'évidence que je vais devoir bien me couvrir avec imperméable et couvre-chaussures. Nous sommes regroupés sous les abris des magasins et là je constate que nous ne sommes pas beaucoup. En effet, suite au mauvais temps, bon nombre de coureurs ne sont pas présents si bien que sur la ligne de départ, le peloton est réduit avec environ 200-250 coureurs maxi.
- Le départ est donc donné à 7h30 sous une pluie battante avec dès le démarrage, le Lautaret qui sur cette 1ère portion de 3 km est de 3-3.5 %. Je me place dans un petit groupe d'une dizaine de coureurs avec une allure entre 28 et 30 km /h... La suite se corse un peu avec des pourcentages qui passent entre 5 et 7 % et cela sur 20 km. L'allure est trop rapide pour moi et je me laisse décrocher du groupe pour prendre mon rythme. A moitié de cette montée, la pluie cesse et c'est un ciel qui se découvre. Je finis le Lautaret à mon train avec des jambes qui ne sont pas au top.
- En haut, un replat de 20 m et j'en profite pour retirer mon imperméable avant d'aborder le 2 ème col de la journée, le petit Galibier (8km avec des pourcentages entre 7-8-9 et 12 % pour finir sur le dernier kilomètre). Je l'aborde seul avec un petit vent de face quelque peu gênant. Mes jambes sont lourdes et le souffle n'y est pas trop non plus mais bon, j'avance à mon rythme. Le peloton est explosé de partout car en regardant dans la vallée, je vois des coureurs encore dans le Lautaret. Me voilà maintenant dans le dernier kilomètre avec une pente de 12 % qui se dresse devant moi et je dois faire un dernier gros effort en restant toujours assis pour atteindre le sommet. Ca y est !!!, je suis a 2600m d'altitude et le ravitaillement est devant moi. Il ne fait pas chaud, 5-6 ° et donc je me restaure et ne traîne pas trop. J'enfile mon imperméable pour la descente de 17 km vers Valloire et c'est parti. Une descente où il faut être prudent car avec la pluie du matin, des cailloux sont sur la voie. Je descends sur un bon rythme mais sans être à fond car j'essaie de récupérer en même temps car après la suite s'annonce terrible. La météo se maintient avec un ciel pratiquement bleu en allant sur Valloire où un autre ravitaillement nous est offert. Je ne m'attarde pas, juste remplir un peu les bidons puis je traverse la localité avant d'entamer la montée du Galibier ( 17 km).
-Dès la sortie de Valloire, le 1er kilomètre est à 9% et ça pique bien les jambes donc je grimpe à petite allure afin de rejoindre un petit replat au niveau des Verneys. La suite nous emmène vers Plan Lachat avec des pourcentages qui varient entre 7-8-9 % mais le plus dur arrive. Mes jambes ne répondent pas bien si bien que j'avance sans un gros rythme. Au niveau de Plan Lachat, lorsque l'on regarde vers la droite, c'est un vrai mur qui se dresse et là, les choses se corsent. Je progresse mais c'est très dur et la tête a du mal à suivre aussi. Je dois me faire violence et les virages qui se succèdent ne m'arrangent pas. Malgré cela, je continue mon ascension avec le passage près de la stèle de Marco Pantani puis ensuite une ligne droite qui vous casse bien le moral car on ne découvre toujours pas le sommet. Les kilomètres défilent dans la douleur et lorsque j'arrive au panneau des 3 derniers kilomètres, c'est un ciel très nuageux qui s'abat d'un seul coup avec un gros coup de frais. Je suis obligé de remonter les manchettes car ça caille. Je me trouve maintenant dans le dernier kilomètre avec ses murs de neige encore présents et une pente aux alentours des 12-13 %. Il fait froid et quand j'arrive au sommet, c'est un brouillard qui m'accueille et une température de 3° ainsi qu'un vent assez fort. De nouveau, je me ravitaille et me couvre car j'ai froid. Les organisateurs sont en train de replier les tentes car ça commence à s'envoler. Une des personnes présentes qui est en relation avec la ligne d'arrivée m'informe que la météo est exécrable sur la vallée et que nous allons être arrêtes en bas. Après avoir souffert pour monter ces 3 cols, ceci n'est pas rassurant. J'enfile donc mon imperméable une nouvelle fois et je me lance dans la descente du petit Galibier.
- Au bout de 300m, c'est un vrai déluge qui me tombe dessus avec de la pluie, de la grêle, un vent très fort qui me fait pencher le vélo et pour finir de l'orage. Un enfer au cours de cette descente car je suis gelé avec des mains complètement endolories sur les cocottes de freins, des jambes dures et même les dents qui claquent avec cette grêle qui me tombe dessus. Aucun abri dans ce col donc je poursuis ma descente tant bien que mal avec quelques frayeurs lorsque je croise des véhicules et que le vent vous pousse vers eux. Cette descente me paraît interminable sous ce déluge mais j'arrive en entier en bas. Pas le temps de s'apitoyer car c'est la descente du Lautaret qui m'attend et donc j'enchaîne aussitôt avec une vitesse qui augmente car j'ai le vent dans le dos mais toujours sous l'orage. Je suis pétrifié par le froid si bien que j'ai du mal à freiner et donc je me retrouve à descendre à 60 km/h dans le Lautaret sous cette pluie. Ce n'est pas être inconscient mais ne pouvant pas freiner, j'ai pas le choix de m'accrocher au vélo. Heureusement, le Lautaret est sur une route bien large et un revêtement propre donc ça passe. Je maintiens une cadence de pédalage pour éviter d'être tétanisé au niveau des jambes et donc j'arrive sur Chantemerle où un commissaire au milieu de la route me fait signe de m'arrêter à cause de la météo. Il me prend mon dossard et je me rends à la voiture où là, c'est chauffage à fond. Les premiers concurrents sont passés sans avoir cette météo et donc nous sommes des dizaines à avoir été obligés d'arrêter.
- Je suis effondré dans la voiture car le froid m'a fait mal mais le circuit très exigeant a fait mal à mon organisme. J'ai quand même fait 3 montées mais ma forme du moment n'était pas optimale. 96 km de fait avec un dénivelé de 2450m et donc il me manque une partie de la vallée et L'Izoard .
- Après m'être bien réchauffé et changé, c'est l'heure de repartir en voiture vers Valloire tout en repassant par le Lautaret et Galibier. Cela fait au moins 2h que j'ai arrêté et je croise des coureurs qui sont encore dans la montée du Galibier mais avec le soleil.
- Ceci restera pour moi une belle aventure même si je pense que les grands cols ne sont plus faits pour moi.